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Le vélo de l'An 2010
 
La petite reine qui n'avait pas changé depuis des décennies connait aujourd'hui une véritable révolution. Vélos de course, vélos de ville ou VTT, les projets fleurissent dans les cabinets de design et le futur est déjà à porté de guidon.
 
Texte et photos Jean-François Vibert
 
Y aura-t-il encore des cyclistes au 21em siècle ? Aucun doutes là dessus affirment en choeur les responsables des grandes marques. Mieux encore, l'heure de gloire de la petite reine pourrait enfin sonner car le vélo est la seule solution pour résoudre d'un coup les problèmes de trafic et de pollution de nos agglomération. Pendant que les champions testent les technologies les plus avant-gardistes en compétition, les designers rivalisent de créativité pour imaginer le vélo du futur. Deux écoles s'affrontent à grands renforts de "concept Bikes", l'apparition des suspensions ayant bouleversé la géométrie habituelle du cadre, certains font confiance aux nouveaux matériaux composites (carbone) pour réinventer la structure de l'engin. D'autres au contraire placent tous leurs espoirs dans les nouveaux alliages (aluminium, titane, Béryllium) et affirment que l'évolution se fera autour d'un cadre triangulaire très classique...
 
Une avalanche d'innovations - L'imagination des ingénieurs semble sans limites et les innovations déboulent de toutes part. Les sportifs de demain verront ainsi l'aérodynamisme de leurs engins s'affiner avec des roues pleines et des cadres profilés, l'ergonomie progressera pour faire reculer le seuil de la douleur, les suspensions avant et arrières se généraliseront, le guidon se réglera instantanément dans les trois dimensions suivant le type de parcours, les pédales utiliseront de nouveau systèmes de fixations de sécurité et les pneus deviendront increvables... Ca bosse dur chez les grandes marques, mais quelques ateliers indépendants sont aussi à la pointe de la technologie. Le faible coût de fabrication d'un vélo favorise la créativité de ces inventeurs fous dignes des débuts de l'aviation ! Après le vélo à double pédalier (qui utilise aussi la force des bras), le VTT à deux roues motrices et l'appui thoracique (testé en compétition par Francesco Moser), Raymond Cloarec a breveté une tige de selle à suspension hydraulique. Mise à l'épreuve par Duclos Lassale sur les pavés de Paris-Roubaix, elle s'adapte facilement au vélo de monsieur tout-le-monde. L'inventeur niçois est aussi le père d'un dérailleur électronique à commande vocale sur lequel il travail en collaboration avec des chercheurs japonais. Pour lui, le vélo de l'an 2000 sera équipé d'un tableau de bord informatique regroupant toutes les informations en provenance du vélo et de son moteur : vitesse moyenne, kilométrage, altimètre, pulsiomètre dépense énergétique et pourquoi pas carte routière digitale. Selon lui, la transmission devrait aussi beaucoup progresser, la chaîne qui génère trop de frottements pourrait disparaître au profit d'un système magnétique.
 
Un vélo de ville idéal - Dans une optique fort différente, Victore Massip regrette que le vélo ne serve plus qu'à la compétition ou aux loisirs. Son travail à "l'Ecole Nationale Supérieur De Création Industrielle" vise à réatribuer au vélo sa fonction initiale de moyen de transport. "En ville où 80% des déplacements se font seuls, le vélo a l'avantage d'offrir à chaque membre de la famille un véhicule individuel et économique". Pour cela il doit être plus confortable avec suspensions, porte bagage, porte casque, antivol et... parapluies ! Au magasin Bicloune, Jean Marc Gerbeau ne croit pas à une refonte générale de la forme du vélo mais plutôt à son évolution qualitative grâce à des équipements plus petits, plus légers et plus performants. Le vélo de demain pourrait bénéficier d'un éclairage plus efficace (à l'aide de batteries légères), d'une selle plus ergonomique (grâce aux gels élastomères), de roues plus rigides (jantes en céramique) et de freins plus performants (hydrauliques). Dans un cadre utilitaire, l'idée d'un vélo électrique fait elle aussi son chemin : grâce aux progrès des supra-conducteur, il sera un jour possible d'équiper notre bicyclette d'un petit moteur électrique d'appoint et de batteries ultra légères. Autre projet de Victore Massip : un vélo "para-transport" qui prolongerait le rayon d'action du bus et du métro. Pliable et léger, il se porterait en bandoulière et traverserait sans problèmes les portillons de la RATP. Le jeune designer voit encore plus loin avec un véhicule hybride basé sur une structure monocoque enveloppante et protectrice qui offrirait un confort intermédiaire entre vélo et voiture. "En rêvant un peu, on peut aussi imaginer des espèces de remonte-pentes à vélo qui suprimeraient le problème des montées". Pourquoi pas !
 
 
Une révolution des mentalités - Mais le plus gros progrès ne sera pas l'oeuvre des designers, des ingénieurs ou même des inventeurs fous... La véritable évolution viendra des mentalités, comme en Hollande où un déplacement sur trois se fait aujourd'hui à vélo. D'après l'Association pour le Développement des Etudes sur le Vélo Urbain, 73 % des citoyens européens (69 % des élus) pensent qu'il faut donner la priorité au cycle sur l'automobile (sondage UITP, 1991). Pour concrétiser ce qui n'est encore qu'une déclaration d'intention, certaines mesures s'imposent comme le respect des limitations de vitesse à 50 km/h et la mise en place de "zones 30 km/h". La complémentarité avec les autres modes de transport qui passe par l'installation de parkings à vélo a proximité des gares est fondementale ainsi que la création de bandes cyclables colorées, plus souples d'utilisation et moins chères que les pistes cyclables. Quand il ne sera plus possible d'utiliser sa voiture, les gens commenceront à pédaler et l'évolution technologique du matériel suivra la courbe ascendante du marché. Certains constructeurs se sont donc rendu compte que leur avenir passe par le vélo urbain et quelques projets ultra confidentiels sont déjà en développement. Pied de nez aux récits de science fiction, l'ère du verseau pourrait bien commencer par celle du vélo !
 
Association pour le Développement de Etudes sur le Vélo Urbain.
68, rue des Cévènnes 75015 Paris. Tél. (1) 45.57.57.10.
 
Club des villes cyclables.
BP 1049 - Strasbourg Cedex. Tél. (16) 88.60.90.71.
 
 

Anticipation : Cycliste en 2010
 
L'ordinateur de bord m'indique que le trafic est trop encombré pour continuer en voiture. Je dirige mon engin électrique vers un parking souterrain pour emprunter un autre mode de transport. Tramway ou Robot-taxi ? Je me décide finalement pour un électrocycle. Un coup de trottoir roulant et me voila en vue d'une station Vélo-service. Je glisse ma carte d'identité magnétique dans le tableau de bord et tape mon code d'accès pour libérer le dispositif antivol. j'appui sur les pédales et l'engin parfaitement entretenu démarre sans un bruit. Pendant que je roule, un alternateur emmagasine de l'énergie et au bout de quelques minutes un minuscule moteur auxiliaire se met en marche. Sur l'écran tactile je peux opter pour un pilotage classique, assisté ou entièrement motorisé, caractéristique appréciable à la fin d'une après-midi de shopping. Les vélos d'aujourd'hui n'ont plus grand choses à voire avec ceux de nos grand-parents. Les suspensions actives, le centre de gravité abaissé, le pare-brise et les béquilles automatiques les ont transformé en des engins pratiques et sécurisant. Leur coffres intégrés se ferment à clef le temps de faire quelques courses. En ville, les voitures sont interdites depuis le début du siècle et les rue piétonnes bordées de pistes cyclables ont progressivement remplacé les boulevards encombrés. Les arbres, les fontaines et les jardins ont envahi l'espace occupé par le goudron au 20em siècle, un vrai plaisir pour la balade... Arrivé à destination, je dépose mon véhicule dans un station Vélo-Service et je retire ma carte magnétique ce qui débite mon compte de quelques écus. Décidément, l'électrocyle est le plus pratique de tous les moyens de transport.
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© Jean François VIBERT - Journalist and photographer - Paris -
 
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