- Le Vercors en raquettes
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Pour découvrir les immensités
glacées du Parc Naturel Régional du Vercors, rien
de tel que les raquettes à neige. Faciles à maîtriser,
elles vous conduiront au plus profond des forêts ou par
delà les cimes...
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- Texte et photos Jean-François
Vibert
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- Falaise abruptes, ravins profonds,
forêts impénétrables, le Vercors reste une
terre à explorer et les lumières d'un guide local
ne sont pas un luxe pour qui souhaite sortir des sentiers battus.
Villard-de-Lans et Corrençons-en-Vercors sont le point
de départ habituel des randonneurs pour des raids de deux
à sept jours...
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- Départ à l'aube - Surprendre l'éveil de la forêt,
très tôt le matin est une expérience inoubliable.
Les cimes sont rougeoyantes et les traces du petit peuple des
sous-bois encore fraîches.
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- S'équiper de matériel
performant - Des raquettes
de qualité facilitent l'initiation. La plupart des guides
ont opté pour le modèle Rando 225 de TSL. Détail
ci dessus, de la mise en place des cales de montée.
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- Le Vercors côté
cimes - Si une grande
partie des 175 000 hectares du Parc National est constitué
de forêts, les amateurs de grimpettes ne seront toutefois
pas déçus par l'ascension du Grand Veymon... L'arrivée
au refuge en sera d'autant plus réconfortante !
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- Au sommet la récompense
! - Au Pas de l'Oeil
situé à 1960 m d'altitude, la vue est imprenable.
L'aide des bâtons s'est avérée précieuse
pendant la montée ainsi que les cales de montée
situées sous les raquettes.
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- Sur les sommets du Vercors - Si les raquettes permettent au plus
grand nombre d'accéder à la montagne, les dangers
habituels de celle-ci ne sont pas écartés. Dans
certains massifs, l'expérience d'un guide reste indispensable.
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- Le bivouac, pour les amateurs
d'authentique ! - Rien
de tel qu'un bivouac en forêt pour ressentir le véritable
frisson de l'aventure. Attention, des équipements de haute
montagne sont obligatoires, car en hiver la température
peut descendre largement en dessous de zéro.
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À travers le Vercors en raquettes.
- Faire sa trace dans le grand
blanc, observer celles des bouquetins et des renards, bivouaquer
sous la lune... Soit 70 km en terre sauvage, hors du monde, mais
très près de la nature.
- Texte : Patricia Oudit
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- Une petite tache brune dans
le grand blanc. Une petite ombre apeurée qui bondit et
perce à peine de ses sabots le tapis de cristal en contrebas.
Un chamois. Apparition légère et fugitive qui nous
éloigne de la fureur des villes déjà oubliées,
et nous transporte dans un autre monde. Un univers hors du temps,
mais à portée de raquettes. Le seul moyen que l'homme
ait trouvé à ce jour pour s'immiscer au plus profond
d'un territoire vierge. Nous voici au cur du Vercors, dans un
décor qui ne se dévoile qu'au fil de nos pas. De
crêtes en creux, de monts en vallons, de forêts en
plateaux, l'on comprend mieux pourquoi ce lieu, ceint de falaises,
a servi de maquis à la Résistance. Autour de nous,
des siècles d'érosion calcaire, et beaucoup de
vert : celui des pins à crochets givrés à
fleur d'épine, des épicéas épars
et de la masse compacte des sapins, douce au regard comme du
velours.
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- Mise en jambe - Notre guide Enzo, Vertaco d'adoption
(abréviation de Vertacomicorien, ancêtre de l'homme
du Vercors) et toujours plein d'à propos, nous fait baisser
la tête : sous nos yeux, des empreintes de lièvre
variable, devenu blanc l'hiver arrivant mais qui n'a pas pointé
pour l'instant le bout des oreilles noires. C'est que la faune
locale se laisse admirer, mais à distance. Les mouflons
et autres ongulés (bouquetins, cerfs, sangliers) sont
ici en leur fief et une intrusion trop appuyée peut les
faire détaler, perdre leur énergie au point d'en
mourir. Puisqu'on en est aux mises en garde, Enzo se fend d'une
petite séance technique. La raquette a beau être
la plus accessible des pratiques, pas question de se fatiguer
sans raison : les montées se feront donc avec la cale
prévue à cet effet, et les cuisses seront soulagées
à la descente grâce à un système de
blocage du talon. La première journée, une mise
en jambe nous entraînera à nous passer de la civilisation.
D'où nous sommes, nous contemplons une dernière
fois les lumières de Grenoble, petites et futiles au regard
des cimes immenses qui nous cernent en silence.
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- Ici, le Vercors prend de
la hauteur - Ce matin,
après un bivouac en dessous de zéro, nous nous
réchauffons de la fraîcheur nocturne en faisant
la trace. Le matelas ouaté du Vallon du Clos d'Aspre en
témoigne : personne n'est passé ici avant nous.
Enzo espère que si d'autres nous suivent, ils se glisseront
dans nos rails afin de ne pas raturer cette belle page blanche.
Les traîtres lapiaz (cannelures dues à l'érosion
du calcaire), invisibles sous la neige, requièrent de
l'attention. Le coton des mamelons alentour donne des envies
de plongeon. Mais il s'agit de respecter l'état des lieux.
Mieux vaut donc faire l'inventaire de nos découvertes
du jour : des traces de renard en pagaille et des à-pic
aux parois noircies de grimpeurs en été. Arrivé
au Pas de l'Oeil, le Vercors prend de la hauteur. A près
de 2000 mètres d'altitude, la poudreuse crépite
et les cheminées de fée se fondent dans le Mont-Blanc
en arrière-plan.
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- Enfin, la récompense - Le vertige est encore de la partie
le jour suivant. Sous nos raquettes, une corniche surplombe le
Pas de la Balme, notre prochaine destination. Une succession
de croupes et de vallons qui tiennent front à la Tête
des Chaudières, à 2030 m. Une fois en bas, c'est
parti pour un slalom entre dolines (petites dépressions)
et cialées, trous à ciel ouvert qui font de ce
massif un redoutable gruyère pour les inconscients qui
ont voulu y goûter de trop près. Raison de plus
pour suivre le guide qui connaît les pièges : à
savoir les ponts de neige qui peuvent céder sous la plus
légère dépression. La traversée en
dévers qui nous attend sollicite nos chevilles, mais Enzo
dégaine déjà son couteau suisse, son entame
de jambon du cru et sa fiole de gnaule. Les chocards à
bec jaune qui survolent notre dînette improvisée
à même le rocher auront droit aux chutes de lard.
La pause-café terminée (soit un peu de neige fondue
au réchaud et de la poudre instantanée), nous enfilons
à nouveau nos raquettes pour aller vérifier, via
un bon dénivelé, que la Grave et la Meije sont
toujours serties dans le massif des Ecrins. La montée
nous coûte, mais la récompense est inestimable.
Là-haut, le bleu du ciel oscille entre cobalt et turquoise
comme sous l'effet du vent qui se lève brusquement. Quant
au soleil, devenu disque pourpre, il se couche sur son tapis
de nuages, histoire de nous en mettre une dernière fois
plein la vue : nous voilà, entre chien et loup, à
attendre que les ombres bleuissent. C'est l'heure de ne plus
perdre une minute.
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- Retour nocturne - Les pieds sont fatigués, les
estomacs crient famine, les gosiers sont secs. Une bonne descente
s'impose : la poudreuse s'y prêtant, elle se fera à
grands pas glissés. Face fun mais caché de la raquette
que les " sédentaires " des pistes balisées
ne connaîtront jamais. Bientôt nos silhouettes se
reflètent dans la neige. Les frontales sont remisées
au fond des sacs. La pleine lune suffit à nous éclairer
pour nous rendre là où les choses se passent également
sans artifices. Un autre instant rare de cette randonnée
que ce dîner chez Loulou, cuisinier bourlingueur, fan d'Henry
Miller et créateur de la Tarti Bleute, tartiflette au
bleu du Vercors, aux trompettes de la mort cuite au four à
bois. Dans son chalet sans électricité mais plein
de chaleur, il nous propose le gîte, tout comme il l'offre
aux chiens de chasse égarés qui tiennent compagnie
ce soir à son bon vieux Gerry.
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Infos sorties raquettes.
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- Sortie affût : en fin de journée, on dégaine
ses appôts, petits ustensiles qui imitent le bruit du jeune
chevreuil ou bouquetin afin d'attirer la mère, puis le
mâle. Si ni l'un ni l'autre ne viennent, on observe leurs
traces ou on les cherche à la jumelle. 130 F la journée.
- Contact : Laurent Minelli,
ESF, tél : 04 76 95 19 00.
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- Goûter à la
ferme : Aux Lombards,
chez la famille Arribert, on découvre la vie paysanne
et le patrimoine et l'on se gave de confitures aux myrtilles,
histoire d'encore mieux apprécier les coutumes locales.
135 F la journée.
- Contact ESF, tél :04
76 95 19 00.
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- Rêve nocturne : c'est l'intitulé de cette version
écolo du nightclubbing : une rando raquette, suivie d'une
descente spéléo de nuit avec dîner et nuit
en refuge. 590 F / pers comprenant l'encadrement, le prêt
du matériel et la demi-pension.
- Contact : Vercors Aventure,
tél : 04 76 95 99 45.
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- Raquette détente : le Vercors a votre rythme en compagnie
d'un accompagnateur qui vous fera découvrir en douceur
la faune et la flore, mais aussi les hommes du pays. Possibilité
de mixer l'activité avec ski de fond et ski alpin. 1600
F / pers la semaine.
- Contact : La maison de l'Aventure,
La Chapelle-en-Vercors, tél : 04 75 48 22 38.
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Raquette facile, mode d'emploi.
- Enzo, notre guide, détaille
la panoplie du parfait trappeur et nous livre tous les trucs
pour progresser sans peine.
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- Comment s'habiller ? - Rien n'est plus adapté à
la raquette que la technique de la multicouche qui permet un
effeuillage au fil de l'effort. Soit : un tee-shirt en fibre
hydrophobe pour évacuer la transpiration, un sous-pull,
une polaire, sans oublier un blouson de ski en cas de mauvais
temps. Aux pieds, des coques plastiques pour bien tenir la cheville
dans les dévers ou, deuxième option en cas de poudreuse
profonde, des bottes à neige. A l'intérieur, des
chaussettes de montagne en bouclettes.
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- Que mettre dans son sac à
dos ? - Lorsqu'on part
une semaine, toujours avoir un fond de sac, contenant le minimum
syndical : des allumettes, de la ficelle, un couteau suisse,
une couverture de survie, des Metas (carrés d'alcool solidifiés
pour allumer le barbecue), une trousse à pharmacie (pansements,
paracétamol, Immodium...) un Arva (Appareil de recherches
de victimes d'avalanche). Le reste du sac comprendra le réchaud,
la gamelle, la gourde, le duvet, le matelas de mousse, la frontale,
des affaires de rechange, une carte, une boussole.
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- Comment s'économiser
? - Primo, ne jamais
partir sans une paire de bâton. Sans lui, l'équilibre
devient précaire en dévers et les montées
sont deux fois plus pénibles. Ensuite, il faut tant que
possible marcher à plat. En descente, le centre de gravité
doit être le plus bas possible pour une meilleure stabilité.
Enfin dans les montées à fort pourcentage, ne pas
hésiter à enfoncer l'avant de la raquette dans
la neige.
Le petit Villar-de-Lans pratique.
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- Villard-de-Lans/ Corrençon
en Vercors, mecque du ski nordique qui dispose également
d'un domaine alpin de 130 km de pistes est situé au cur
du Parc Naturel Régional du Vercors, à 30 km de
Grenoble. Ici, pas de barres bétonnées, mais un
clocher autour duquel s'épanouit un village typique, lieu
de départ de toutes les aventures hors ski : raquettes
bien sûr, mais aussi cascades de glace, chiens de traîneau,
parapente, spéléo et même casino ! Quelques
lieux incontournables :
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- Le Caribou : un hôtel-restaurant-caf'conc',
trilogie apprécié des locaux pour ses soirées
théâtres et opéras. Piscine en été.
De 193 F à 245 F la chambre en demi-pension.
- Corrençon en Vercors,
tél. : 04 76 95 82 82.
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- Le Chalet de Chalimont dit
Le Goutarou : dans cette
ancienne écurie de débardage, perdu en pleine forêt,
Loulou Baudry accueille les randonneurs pour la nuit. Sa spécialité
: la Tartibleute décrit dans l'article précédent.
Mais sa Tartiflette est toute aussi chouette. A l'apéritif
: du vin de noix et pour un repas sobre, goûtez son eau
de longévité de la source d'à côté.
80 F le repas. 120 F la nuit.
- Tél : 04 76 95 95
19.
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- Les Allières : Dans ce gîte surplombant Lans-en-Vercors,
la Vercouline coule à flot dans les assiettes. Logique,
le patron, Bernard Maniglier vous sert cette raclette maison
au Bleu du Vercors directement dans votre assiette après
l'avoir fait fondre au feu de bois. Ne pas repartir sans avoir
testé la tarte aux châtaignes. Entre 100 F et 150
F le dîner.
- Tél : 04 76 95 90
90.
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- La Miellerie : Outre la classique dégustation,
vente de miel et autres cires, une expo de ruches vitrées
pour voir les dessous de la vie des abeilles.
- Rens : Michel Hudry à
Lans-en-vercors. Tél : 04 76 95 66 72.
Rens : Offices du tourisme : 04 76 95 10 38 ou 04 76 95 81 75.
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- © Jean François
VIBERT - Journalist and photographer - Paris -
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