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Gringos surfeurs en Baja California
Lassés des plages californiennes surpeuplées et de l'hystérie collective qui entoure le surf aux USA, de jeunes yankees descendent au Mexique ou, leurs aînés pratiquaient déjà le longboard il y a presque un demi siècle. Retour aux sources de la glisse, en Baja California, Eldorado mythique où tout ce qui n'est pas interdit est autorisé.
 
Texte et photos Jean-François Vibert
 
C'est en retrait de la plage, au bout d'un sentier cerné de végétation luxuriante que les Perkins, surfeurs de père en fils ont installé leur gîte. On s'y arrête deux jours ou trois mois pour surfeur, méditer, ou simplement prendre sa retraite à trente-cinq ans. Une jeune fille nous accueille, « vous les avez ratés, ils sont partis très tôt pour l'hôpital car un des invités n'était pas bien.
 
Mexique
 
À cause des trucs bouddhistes qu'il faisait ; il y a trois semaines, il avait décidé de ne plus parler et depuis cinq jours il n'avait rien bu ni mangé ! Alors par cette chaleur » La salle de méditation est en bambous et des légumes variés envahissent un jardin décoré de vieux surfs. « Bienvenudos à Pescaderos », plage vierge à deux heures au nord de Cabos San Luca, refuge idéal pour surfeurs contemplatifs en rupture de modernité.
 
Baja California
 
Devant nous, les pélicans se gavent de poissons et les vagues déroulent longues et régulières sur le sable fin. Le van empoussiéré d'une surfette routarde flirte avec un pick-up rouillé qui ne tient debout que grâce à l'épaisse couche de stickers qui le recouvre. Entre retour aux sources et fuite en avant, une communauté disparate de surfeurs s'est rassemblée autour du spot.
 
 
Séduit par cette douceur de vivre, Rick s'est posé là, après avoir plaqué son boulot d'assureur. Il a bâti sa maison en rond autour d'un manguier centenaire et espère y surfer en paix jusqu'à ce que mort s'ensuive. « Les vagues sont parfaites, les filles toujours libres et les mangues tombent de mon plafond, alors je les mange. Attention, ça fait aller me prévient-il. La civilisation n'arrivera jamais jusqu'ici, car la zone est inconstructible. C'est tellement loin de tout »
 
 
Si toutefois le béton envahissait sa plage, « il partirait encore plus loin » assure-t-il. Voilà probablement ce que s'était dit Mike Howard, il y a quatre décennies quand il a découvert ce petit paradis qu'était Cabo-San-Luca. Située à la pointe sud de la péninsule, la bourgade a malheureusement beaucoup changé depuis, les hôtels ayant envahi tout le front de mer. Pourtant, ce californien à la carrure de colosse y est toujours revenu, « car les vagues y sont meilleures et le bout du monde n'est qu'à une heure de piste ». C'est après deux ans passés au Vietnam, au pire moment de la guerre que Mike a commencé à descendre régulièrement en Baja pour tenter d'y oublier ses souvenirs.
 
 
À cette époque héroïque où le néoprène n'existait pas, la température élevée de l'eau justifiait les 1400 km et les 30 heures de poussière qu'il fallait endurer depuis la ville frontière de Tijuana. « Baja était un terrain de jeux illimité et vierge. Les pêcheurs étaient simples et accueillants, un peu comme en Espagne, ajoute-t-il avec le sourire nostalgique de celui qui a voyagé. Tous mes amis de Californie venaient surfer ici... Mais fin soixante-dix, les choses ont changé avec la construction de l'aéroport, des terrains de golf et des hôtels ».
 
 
Heureusement pour Mike, les touristes ne survivent pas longtemps loin des piscines javellisées, des cantinas climatisées et des boîtes de strip-tease, qui sur cette terre aride se multiplient aussi vite que les practices de golf assèchent la nappe phréatique. « D'un coup de 4x4 et il est toujours possible de se retrouver au cur d'une nature inviolée. Dans le désert, au milieu des cactus et des vautours. Ou sur une plage déserte d'où l'on observe la parade nuptiale des baleines grises. Chaque hiver c'est un spectacle fabuleux : elles viennent se frotter contre le fond sableux à seulement quelques dizaines de mètres du rivage ».
 
 
Aujourd'hui c'est Zak Howard, le fils de Mike, né lui aussi sur une planche et devenu longboardeur professionnel qui se régale des vagues mexicaines. Il a surfé sur les plus belles plages du monde en shortsurf comme en longboard, mais c'est toujours ici qu'il aime revenir avec son très classique « 9 pieds » (longboard de 2 m 72).
 
 
À tel point qu'il a convaincu les Français de Oxbow d'y organiser la onzième édition du championnat du monde de longboard. « Ici, on se sent un peu chez nous, explique Thierry Fouchet, l'organisateur de l'épreuve. Il faut dire que les compétitions de longboard sont beaucoup plus discrètes que celles de surf : pas de stars qui ameutent les foules, pas d'équipes de télé dans tous les sens, pas de banderoles dans toute la ville. Nous emmenons juste les cinquante meilleurs longboardeurs du monde sur une vague parfaite, en privilégiant l'authenticité et la valeur sportive de l'épreuve, plutôt que son aspect médiatique.
 
 
L'état d'esprit des longboardeurs est différent. Le longboard est un retour aux origines du surf, il y a plus d'admiration et d'émulation entre les surfeurs que de rivalité ». Et c'est vrai qu'en Baja, les vagues sont particulièrement adaptées au longboard, à tel point que les adeptes de cette discipline représentent ici la majorité des surfeurs ce qui était déjà le cas au temps des pionniers dans les années 60, époque à laquelle le shortboard n'avait même pas été inventé. « D'ailleurs la plupart des grands noms de l'histoire du surf, sont venus prendre leur retraite ici », m'a confirmé Jeff King qui lui aussi a fui son Hawaii natal pour s'installer à Cabo.
 
 
Jeff est connu ici pour son caractère trempé et est considéré comme le meilleur surfeur de gros, entendez par là qu'il sort quand les autres rentrent effrayés par la taille des vagues. « C'est Mike Doyle qui m'a parlé de Cabo quand j'avais 19 ans, en 1977. À cette époque, il n'y avait qu'un petit hôtel ici ». Doyle, champion du monde durant les sixties et véritable légende vivante du surf s'est retiré à Cabo après avoir surfé les plus belles vagues du monde. Tout comme Pat Curren, Rennie Yater, Mickey Munoz, ou encore Walt & Flippy Hofman qui furent les premiers Américains à surfer le fameux spot hawaiien de Makaha. « Tout est cher à Hawaii et les surfeurs ne sont pas millionnaires ! »
 
 
Artiste peintre, moniteur de surf ou constructeur de maisons trois mois par ans, Jeff exerce de nombreux métiers qui lui permettent de garder une totale liberté d'action et d'opinion. "Même ici au bout du monde, tout fout le camp. Dire qu'il y a dix ans, les gosses étaient polis et bien élevés ; ce n'est pas l'arrivée des surfeurs qui les a changé, ni les touristes, ni les bars à putes, ni même le trafique de drogue. Non, ils ont changé d'attitude quand ils ont a pu capter MTV. En quelques années, ils sont devenus "baaad" et se sont pris pour des rappeurs. Pas pour des surfeurs ».
 
 
Face à l'avancée inexorable de la modernité, les surfeurs n'ont qu'une solution, la fuite en avant. Bien décidés à ne pas se laisser rattraper, Mike et sa compagne ont entrepris la construction d'une nouvelle maison à bonne distance de l'aéroport de Cabo. Les six heures de route qui mènent à leur vague secrète de Scorpion-Bay devraient mettre suffisamment de distance entre eux et la civilisation pour leur permettre de surfer tranquille jusqu'à la fin de leur vie.
 
 

En longboard de Baja à Biarritz !

Alors que depuis 50 ans les surfs n'ont cessé de rétrécir et devenir techniques, il semble qu'une nouvelle génération redécouvre le plaisir d'évoluer sur des planches longues et tolérantes.

En longboard, la performance semble compter moins que le style et le plaisir de partager la vague. Une philosophie qui colle parfaitement à la nonchalance des plages californiennes où le longboard semble plus répandu que le shortboard. Caractéristique première du longboard, la facilité. Une évidence qu'ont bien compris les spécialistes français de la glisse. A commencer par Oxbow, unique organisateur du Championnat du Monde depuis onze ans, qui a associé son image à la discipline et qui sponsorise de nombreux champions. Ou encore Bic Sport, leader du windsurf qui est rapidement devenu le premier fabricant mondial de surf grâce à une gamme étendue de longboard.
 
 
Quant à l'UCPA, première école de surf Européenne depuis 1987, elle forme chaque été jusqu'à 7000 longboardeurs dès l'âge de 7 ans. Selon Michel Pellegrino en charge du surf au sein de l'association, « on compterait 150.000 longboardeurs en France, un chiffre en constante progression. Dans la famille longboard, il faut distinguer le vrai « longboard » (environ 2 m 72), du Malibu qui est plus facile pour débuter (seulement 2 m 38). Pour accélèrer l'initiation, nous utilisons des Malibus recouverts de mousse qui amortissent les chocs et rassurent les moins sportifs. Avec cette innovation, tout le monde peut apprendre à surfer ». Grâce au longboard, la côte basque pourrait bientôt ressembler à Baja California !
 
 
Eldorado mythique de la génération des pionniers du surf durant les sixtie's, la Basse Californie n'est aujourd'hui séparée de Los Angeles que par deux heures d'avion.
Attirée comme leurs aînés par les vagues et la douceur de vivre mexicaine, une nouvelle génération de surfeurs vient y fuir une Amérique où les espaces de liberté se font de plus en plus rares.
Derrière nous, le désert, les cactus et les vautours, devant nous la vague idéalement adaptée au longboard.
Parole de surfeur californien : « Ici, c'est encore le paradis sur terre et ça le restera tant que le surfeur en chef junior résistera à l'envie d'aller jouer avec ses bombardier au dessus du désert
Outre les nombreux gringos (américains) habitués des vagues locales, on peut aussi admirer les évolutions d'excellents surfeurs mexicains. Parmi les plus fameux, reviennent les surnoms de Calleto, Gabi, Winson, Panda ou Fino Ce dernier de son vrai nom Rafaël Green est le descendant d'un chasseur de baleines anglais échoué ici cinq générations plus tôt. Fino qui à commencé à surfer en 1979 a monté une baraque sur la plage appelée Zippers, Il y loue des surfs et donne des leçons.
Il connaît parfaitement toutes les vagues du coin ; des plus faciles que sont Pescaditos, Acapulquito (petit Acapulco) ; aux plus difficiles comme La Rocca et surtout La Bocana où l'on peut tuber sur de très puissants rouleaux À condition de ne pas avoir été broyé par le shorbreak destructeur. « C'est ici avec Zak Howard et Jeff King que j'ai quelques-uns de mes plus beaux souvenirs de grosse vagues » confie-t-il avec une pointe de fierté.
Le week-end, on peut y croiser des bandes de gamins équipés de bodyboards en polystyrène, de planches de contreplaqué transformées en skimboard, de surf rafistolés au « duc tape », abandonnés là par des gringos qui les ont usé jusqu'à la fibre. Tous les espoirs d'une troisième génération de surfeurs - mexicains ceux-là ­ surfent sur ces planches décorées d'autant de stickers que les surfshop locaux ont pu en distribuer, et portant les logos de grandes marques australiennes maladroitement reproduites au pinceau
Malgré leur équipement disparate, certains sont époustouflants sur la vague. Il faut dire qu'ils passent leur vie dans l'eau et ne ratent pas une occasion de s'inspirer des pros qui visitent régulièrement leur spot. On est alors tenté de se dire « ces petits gars, ils pourraient aller loin si un sponsor leur donnait leur chance » Mais qui pourrait bien s'intéresser à ces jeunes mexicains ? Car ici, c'est le sud. Et il ne se passe pas grand-chose, excepté le bonheur simple et quotidien de passer sa vie à surfer, parfois même au milieu des dauphins Ce qui n'intéresse pas vraiment les médias américains.

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© Jean François VIBERT - Journalist and photographer - Paris -
 
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