- Un raid au goût de
paradis
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Voguer d'îles en îles, vivre
de poissons grillés et de fruits exotiques, dormir au
hasard de plages paradisiaques, partager l'exaltation de naviguer...
Mais oui, il est encore possible de jouer les Robinson Crusoé
au coeur d'un archipel préservé.
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- Texte et photos Jean-François
Vibert
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- Ce matin, nous embarquons sur
cinq catamarans biplaces pour un périple en Mer de Chine.
Départ de l'île de Koh-Pha-Ngan au large des côtes
thaïlandaises, puis traversée de l'archipel du Marine
National Park et retour à la base prévu dans six
jours, via l'île de Koh Tao un spot réputé
pour la plongée sous-marine. La brise régulière
engendrée par la mousson du Nord-est est idéale
pour la navigation sportive et parfaitement adaptée à
nos Hobbie-Cat 16, un des voiliers les plus rapides de sa catégorie.
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- Bien qu'il soit en principe
requis de savoir naviguer
en dériveur pour participer à cette expédition,
les barreurs débrouillés sont autorisés
à embarquer un coéquipier novice. Car, en dehors
de la saison des typhons, la navigation n'est pas dangereuse
dans l'archipel. Il est tout de même rassurant de savoir
qu'en cas de gros temps, nous pourrons compter sur notre bateau
d'assistance qui est équipé d'une radio. Son capitaine,
un vieux pêcheur thaï connaît le dédale
des îles comme sa poche et remplace avantageusement tous
les bulletins météos.
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- Une débauche de nature - Baleine à tribord, baleine
à tribord ! Sur les catamarans c'est l'excitation, mais
les équipiers ne voient toujours rien... Elle va bientôt
refaire surface. Quand la forme noire réapparaît
à l'horizon, c'est une exclamation qui s'élève
des voiliers. Le cétacé souffle, bascule sur le
côté et nous adresse un signe de nageoire avant
de disparaître. "Ma première baleine"
soupire très émue une jeune équipière
!
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- Resté vierge de toute
présence humaine,
ce groupe insulaire est un véritable paradis sous-marin
qui regorge d'espèces nobles : marlins bleus, barracudas,
requins, tortues ainsi que de nombreux cétacés...
Les eaux y sont clémentes et le plaisir de la navigation,
n'a d'égal que l'émerveillement des sens. Cap au
sud, nous croisons de nombreux îlots chargés de
jungle tropicale alors que des centaines de petits poissons sautent
devant l'étrave des catamarans, pour échapper à
un invisible prédateur. Bientôt c'est un dauphin
qui vient jouer si près des voiliers, que l'on réussit
presque à le toucher !
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- Marins d'eau douce - Après plusieurs heures de navigation
agréable par un vent de force 3 ou 4, nous avons déjà
les biceps gonflés par l'effort... Ça tire dans
les bras et les gants de planche à voile s'avèrent
précieux pour éviter les ampoules au creux de la
paume des mains. Ça fait rigoler notre guide loup de mer,
dont les pinces ressemblent un peu à de la peau de crocodile
! Il nous rassure : d'ici un jour où deux, nous devrions
nous endurcir et ces petits bobos seront vite oubliés.
Nous traversons une myriade d'îlots paradisiaques et frôlons
de vertigineuses falaises de calcaires, très caractéristiques
de la Mer de Chine. Si certains bateaux ont un peu de mal à
tenir le cap, les équipages de tête semblent parfaitement
à l'aise, s'offrant même le luxe de redescendre
au vent pour accélérer. Et quand l'allure forcie,
ils sortent la ceinture de trapèze pour cingler au près
comme des pros, en équilibre sur une seule coque...
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- Paradis terrestre - En arrivant au cur du parc national d'Ang
Thong, le spectacle devient plus grandiose encore : impressionnantes
falaises surplombant des lagons turquoise, végétation
luxuriante, patates de corail affleurant la surface... Et même
quelques raretés géologiques, tel ce rocher en
forme d'obélisque haut d'une vingtaine de mètres,
flottant comme en lévitation au-dessus des eaux. Vu de
côté on dirait une statue géante de l'île
de pâque en train de surveiller le passage de nos minuscules
embarcations. C'est alors qu'approche une étrange pirogue
aux allures de bateau pirate. Elle est chargée d'hommes
portant fusils et machettes. Pas de panique, il ne s'agit que
des gardes nationaux chargés de dissuader les braconniers.
Car ici, la pêche est interdite. Aussi étonnés
que nous, ces rangers peu orthodoxes nous saluent en agitant
fièrement leurs armes. Si ces îles sont aussi bien
gardées, c'est que l'on y récolte les précieux
nids d'hirondelles, qui sont à la gastronomie asiatique
ce que le caviar est à la cuisine occidentale.
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- Débarquement aux jardins
d'éden - Dans
cette région du Golf de Siam il fait beau de novembre
à avril et la température moyenne de 30° est
plutôt supportable grâce à la brise marine.
Un seul impératif pour nous autres marins d'eau douce
: nous prémunir contre les coups de soleils, surtout les
premiers jours. Heureusement les traversées en haute mer
ne durent pas plus de quelques heures, et bientôt, nos
Hobie Cat s'échouent à l'ombre des palmiers sur
la plage idyllique d'une île déserte. Il flotte
dans l'air comme une odeur d'épice, le sable est blanc,
l'eau parfaitement transparente est à 28°. C'est l'heure
d'une baignade sublime avec masques et tubas pour admirer coraux,
poissons anges, raies et autres curiosités tropicales.
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- Dans cet aquarium géant, le port de palmes ou sandales en plastiques
est cependant conseillé : il ne s'agirait pas de poser
le pied sur un redoutable poisson pierre dont la piqûre
des plus gros spécimens peut-être mortelle en 15
minutes. Ici nous sommes loin de toute civilisation et en cas
de problèmes, nous ne pourrions compter que sur nous-même
et la pharmacie embarqué sur le bateau d'accompagnement.
Celui-ci vient nous rejoindre chaque jour en fin d'après
midi, il mouille à quelques encablures de la plage afin
de décharger le bivouac. Le transbordement des sacs de
couchage et de nourriture grâce à une étroite
pirogue est plutôt acrobatique pour qui n'a pas le pied
marin. Heureusement en cas de naufrage : vêtements, médicaments
et autres appareils photos sont hermétiquement protégés
dans des bidons étanches.
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- Robinsons en herbe - Nous en serons quittes pour une bonne
rigolade sous l'il moqueur de notre marin thaï et de son
mousse qui n'avaient jamais vu de matelots si maladroits ! Le
confort est sommaire, mais la règle est sévère
: pas plus de 15 kilos de bagages par personne, affaires de toilette,
pharmacie, tee-shirt et maillot de bain compris : ce n'est pas
du camping caravaning. En plus d'être un véritable
loup de mer, notre guide est aussi un excellent cuistot, les
poissons achetés aux pêcheurs locaux sont déjà
à griller sur un feu de palme séchée. Ce
soir au menu : barracuda grillé, riz sauté à
la citronnelle, fruits exotiques à la chair savoureuse
et au nom imprononçable...
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- Une fois rassasiés,
les aventuriers se rassemblent
autour de la carte marine dépliée sur le sable.
Aux lueurs du couchant, nous étudions le parcours des
prochains jours : l'île de Koh Sam-Sao, le Cap de Koh Taip-Phao,
l'ascension de Koh Wua-Talab... Après plusieurs verres
de « mekong wisky » - une boisson locale peu recommandable
- nous achevons de nous prendre pour Robinson Crusoé et
chacun y va de son récit de marins ! Bientôt certains
s'endorment sur les trampolines de leurs catamarans, alors que
d'autres se creusent un nid douillet à même le sable.
Sous la voûte céleste, tous rêve déjà
à la navigation du lendemain, enivrés par les parfums
de la jungle voisine et bercés par l'appel de quelques
Oiseaux de Paradis...
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A
vous de jouer !
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- Vivre une telle aventure
est aujourd'hui à la portée de tous. Encadré
par un spécialiste connaissant parfaitement la région
et assisté d'un bateau d'accompagnement, vous goûtez
aux délices du raid en toute sécurité.
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Le
voyage : Après
11 heures d'avion, une courte escale à Bankok, un transfère
en coucou jusqu'à Koh Samui, deux heures de speedboat
et une nuit réparatrice sur l'île de Koh Pha-Ngan,
vous embarquez pour l'aventure ! Dix jours voyage compris, dont
six jours de navigation.
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Niveau
: La maîtrise d'un
catamaran ou d'un dériveur par vent moyen est requise,
sauf en cas d'inscription simultanée avec un barreur compétent.
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Après
le raid : Vous pouvez
rester une semaine supplémentaire au centre UCPA de Koh
Pha-Ngan. Au programme : plongée sous-marine, catamaran,
planche à voile, VTT, trekking autour de l'île ou
séjour farniente. Vous découvrirez les plages désertes,
les petits port de pêche, la population locale, et pourquoi
pas, la communauté néo-techno-baba installée
au bout de l'île et sa fameuse Full-moon-party !
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Inscriptions : De février
à mars, à partir de 1890 Euros, transport compris.
Infos : 0825.820.830 ucpaasi@aol.com
et www.ucpa.com
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Séjour à Koh Pha Ngan : Suivant les options, comptez de 330 à 560
euros la semaine supplémentaire au centre UCPA : ucpathailande@hotmail.com
- Siripun Bungalow Thongsala - Koh Pha Ngan 84280 - Suratthani
Thailande.
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- D'invraissemblables formation
géologiques -
Caractéristiques de la mer de Chine, ces pitons de Calcaire
sans cesse battus par les flots ne mesurent que quelques mètres
à leur base. Evoquant irrésistiblement les mythiques
colonnes d'Hercule, ils donnent à notre navigation des
airs d'épopée antique.
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- Le Marine National Park - C'est ce chapelet d'îles que
nous explorons durant ne partie du raid. L'ascension de la plus
haute d'entre elle, est l'occasion de marcher au coeur de la
fôret primaire. Partout on trouve des plages hospitalières
pour accueillir le bivouac.
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- Le Hobi Cat 16, un engin
de découverte idéal
- Grâce à son large trempoline, le catamaran est
particulièrement confortable pour les traversées
entre les îles. Sa vitesse de pointe dans le petit temps
permet aussi d'échapper à la "pétole",
(comprenez le manque de vent).
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- L'installation du campement - Chaque jour nous installons notre
bivouac sur une plage. Le trempoline des Hobie Cat sert de lit
de camp et les poissons sont grillés sur le feu. Un minimum
de bagage est recommandé : affaires de toilette, pharmacie,
quelques tee-shirt, un maillot de bain... Pas plus de 15 kilos
par personne.
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- La rencontre avec les pêcheurs
Thaïs - Comme tous
les gens de mer, les Thaïs accueillent les voyageurs avec
enthousiasme n'hésitant jamais à offrir le produit
de leur pêche. Barracudas, espadons, raies, maqueraux,
requins mais aussi langoustes et homards ! De quoi se régaler
tous les soirs...
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- Les pêcheurs au lampareau - En haute mer on croise aussi des pêcheurs
de calamars. A la tombée du jour ils instalent leurs filets
sous de puissantes lampes électriques dont la lumière
attire les animaux. A l'aube les filets sont débarqués
sur la plage et la pêche mise à sécher sur
des claies.
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- Découvrir également
la parution de ce reportage dans FHM (juin 2000)
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- © Jean François
VIBERT - Journalist and photographer - Paris -
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- Journaliste photographe - Spécialiste
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