-
À l'heure où le japon demande
la réouverture de la chasse industrielle, nous sommes
partis aux Caraïbes observer la parade des baleines à
bosse. A Saint-Domingue l'écotourisme baleinier (whale-watching)
constitue une alternative économique à la chasse
aux cétacés, mais sur les îles voisines on
affûte déjà les harpons en vue de la possible
reprise du massacre.
-
- Texte et photos Jean-François
Vibert
-
- Chaque hiver à partir
de janvier quelque 1.000 à 2.000 individus se retrouvent
dans les eaux chaudes et peu profondes de la République
Dominicaine. La Baie de Samana est le rendez-vous annuel des
baleines à bosse qui viennent mettre bas, chercher un
compagnon et exécuter une frénétique parade
nuptiale avant de s'accoupler. Au large de l'île on estime
qu'un minimum de 10.000 individus se regroupent en attendant
que les petits aient tété les réserves de
lait de leur mère. Quand ils auront grandi suffisamment
- à raison d'une tonne par jour - tout le monde reprendra
fin mars la migration vers les mers froides de l'hémisphère
nord.
-
-
- En hiver, les baleines batifolent
! Pendant ces trois mois,
uniquement préoccupées par leurs joutes amoureuses
les cétacés ne prêtent aucune attention aux
quelques bateaux chargés de touristes venus les observer.
Les mâles se défient en frappant l'eau à
coups de nageoires caudales, offrant aux amateurs de "whale-watching"
un spectacle unique. Pour manifester leurs émotions, il
leur arrive d'effectuer d'incroyables bonds au-dessus de l'eau.
Imaginez un peu le « splash » quand un géant
de 15 mètres et pesant 30 tonnes s'amuse à jouer
les top-gun !
-
-
- C'est la canadienne Kim Bendall, pionnière du whale-watching dans
la région dès 1984 qui nous sert de guide, «
la baleine à bosse, est la plus active et la plus spectaculaire
de toutes les baleines. On la reconnaît facilement grâce
à ses immenses nageoires blanches mesurant jusqu'à
5 mètres de long soit un tiers de son corps. En Baie de
Samana, vous êtes assurés de les apercevoir lors
de chaque sortie en mer. Inutile d'utiliser des sonars qui pourraient
gêner leur ouie très sensible, il suffit d'attendre
et de guetter leur souffle à l'horizon ».
-
- <
-
- Samana sanctuaire des cétacés.
Afin d'éviter
de possibles abus, des règles précises ont été
édictées par le ministère de l'environnement
pour empêcher les bateaux de déranger les animaux.
Ce code de bonne conduite est scrupuleusement respecté
par les compagnies de « whale-watching », par exemple
les bateaux n'approchent pas les animaux à moins de 50
mètres et 80 mètres si une mère est avec
un bébé. Il est également interdit de nager
avec les cétacés pour d'évidentes raisons
de sécurité.
-
-
- Dans ces conditions il est
possible de faire des observations exceptionnelles car les baleines mises en confiance
s'approchent parfois d'elles-mêmes à quelques mètres
des bateaux. Le moteur est alors mis au point mort pour éviter
tout risque de collision avec l'hélice et c'est le début
d'un grand moment d'émotion pour les passagers. Ils n'en
reviennent pas de voir ces animaux de plusieurs dizaines de tonnes
évoluer tranquillement autour du bateau et sortir leur
tête de l'eau pour observer les observateurs.
-
-
- Bientôt de nouvelles
menaces ? Mais cette
harmonie idyllique pourrait bientôt être mise en
danger par la réouverture possible de la chasse à
la baleine sous l'impulsion du Japon, de la Norvège et
de sept îles des Caraïbes (lire encadré). Qu'arrivera-t-il
alors aux baleines de Samana habituées à la présence
pacifique de l'homme et mises en confiance par quinze années
d'écotourisme respectueux ? Seront-elles impitoyablement
exterminés par des navires-usines dès qu'elle quitteront
la protection de la baie ? Kim Bendall nous a appris que sur
l'île voisine de Saint-Vincent une chasse cruelle était
de nouveau pratiquée ponctuellement. Sous couvert de tradition,
on capture un baleineau qui est traîné sur la plage
dans le but d'y attirer sa mère. Une fois celle-ci échouée,
elle agonise pendant des heures avant d'être découpé
en quartiers. Triste fin pour une baleine joueuse
-
Observez les
baleines à bosse avec Kim Bendall
Véritable amoureuse
des cétacés, la canadienne Kim Bendall fut dès
le millieu des années 1980 la véritable instigatrice
de la pratique du « whale-watching en baie de Samana. Son
travail approfondi avec les autoritées locales a permi
de définir une charte d'observation rigoureuse qui évite
de déranger les animaux..
Elle partage sa passion
lors de sorties en mer de quelques heures au cours desquelles
vous êtes assurés d'apercevoir des cétacés
(parfois même de très près). Des explicitations
vous sont fournies en français par un naturaliste, ainsi
que de petites pilules contre le mal de mer !
Victoria Marine P.O. Box 53-2 Samana Dom. Rep.
Tel et Fax : (809) 538-2494 kim.beddall@usa.net
-
-
Les baleines
à bosse (ou jubartes) sont les plus intéressantes
des baleines
-
- Herman Melville l'auteur
de Moby Dick, écrivait d'elles : « les plus généreuses
et joueuses de toutes les baleines ». Leur nom scientifique
est mégaptères (grandes nageoires) et aucun autre
cétacé de cette taille ne bondi comme elles hors
de l'eau.
Contrairement aux cachalots ou aux dauphins, les baleines à
bosse n'ont pas de dent. Elles utilisent leurs fanons pour filtrer
de petits poissons et petits crustacés de quelques centimètres
appelé « Krill ». Elles peuvent en consommer
plus d'une tonne par jour ! Grâce à leurs yeux elles
voient sous l'eau, mais c'est surtout leurs oreilles qui sont
très performantes.
-
-
- Leur chant peut s'entendre jusqu'à
35 kilomètres, ce qui leur permet de se retrouver par-delà
les océans. De plus elles ont sur l'avant de la tête
des petites bosses (d'ou elles tirent leur nom) de la taille
d'une orange appelés tubercules. Sur chacune de ces bosses
pousse un poil très rigide qui leur permet de ressentir
les vibrations de l'eau.
-
- Les baleines à bosse
vivent l'été dans les eaux glacées de l'Arctique
et de l'Antarctique ou la nourriture abonde, et l'hiver elles
se rapproche de l'Equateur dans des eaux plus chaudes comme celles
des Caraïbes ou vous pourrez les observer. L'espèce
n'est plus chassée depuis 1969 excepté quelques
spécimens à Saint-Vincent-et-les-Grenadines.
-
- Longueur maximale : 18 m.
Poids maximal : 35 tonnes.
Age maximal : 48 ans.
-
Alerte : les
japonais veulent reprendre la chasse industrielle !
Contrairement aux idées reçues, la chasse à
grande échelle pourrait bientôt redevenir une pratique
courante sur toutes les mers du globe risquant d'exterminer définitivement
de nombreuses espèces. On en saura plus après la
prochaine réunion de la Commission Baleinière Internationale
qui se tiendra en mai prochain au Japon.
-
- ( Photos : Greenpeace.org )
-
- Depuis 1946, trente-neuf pays
se sont réunis au sein de la CBI (Commission Baleinière
Internationale) pour réglementer la chasse à la
baleine. Bien que limitée de nos jours, cette chasse est
toujours pratiquée par deux pays : le Japon et la Norvège
qui fut à l'origine des méthodes de chasse moderne.
Cette dernière s'est par exemple auto-octroyée
un quotta de 750 petits rorquals tués cette année
en totale violation des lois internationales. Quant au Japon,
sous prétexte de pêche scientifique, il massacrera
dans l'année 540 petits rorquals, 10 cachalots et 50 rorquals
de Bryde dont la viande (produit de luxe coûtant jusqu'à
45 Euro / 100 gr) finira immanquablement au fond d'estomacs nippons.
-
-
- La chasse scientifique est une astuce juridique hypocrite inventée
par les japonais pour contourner le moratoire international et
condamnée par la majorité des pays de la CBI. Elle
ne sert qu'à maintenir en état leurs flottes de
baleinières en attendant une prochaine reprise de la chasse
commerciale industrielle. Accessoirement elle permet aussi de
masquer l'existence d'une chasse clandestine et d'un trafic international
de viande de cétacés. Grâce à des
analyses d'ADN on a prouvé que de la viande vendue sur
des étals provenait d'espèces rares non chassées
officiellement. En 1993, le japon qui demandait le retour de
la chasse industrielle généralisée ne disposait
du soutien que de quatre pays.
-
Mais
aujourd'hui dix pays
seraient prêt à voter avec lui pour la reprise du
massacre. On compte parmi eux sept petites îles des Caraïbes,
dont les votes ont ouvertement étés achetés
par les japonais sous couvert d'aide au développement.
Ainsi, Greenpeace estime que le Pays du Soleil Levant a investi
300 millions de $ dans cette campagne de lobbying. Avec l'appui
de la Norvège et de pays comme la Russie, la Chine et
la Corée, il ne manquera au japon que quelques voix pour
obtenir la majorité lors de la prochaine réunion
de la CBI qui se tiendra en mai prochain à Shimonoseki,
au Japon !
-
- Pour la première fois
depuis des décennies,
le risque de voir la chasse à la baleine autorisée
à nouveau sur toutes les mers du globe est donc extrêmement
réel. D'autant plus réel que la chasse serait aujourd'hui
redevenu rentable économiquement. En effet, et contrairement
aux idées reçues, ce ne sont pas des considérations
écologiques qui ont conduit les pays membres de la CBI
à limiter progressivement la chasse au cours des années
70-80, mais plutôt le fait que de nombreuses espèces
de cétacés étant devenues introuvables,
les compagnies baleinières perdaient de l'argent. Aujourd'hui
les populations se sont quelque peu reconstituées, d'autres
formes de pêche sont elles-mêmes devenues problématiques
et de nouvelles technologies (satellites, sonars) facilitent
la traque des animaux. Autant de raisons qui rendent les chasseurs
impatients de reprendre cette lucrative activité. Cerise
sur le gâteau, ils comptent à l'avenir s'attaquer
en plus aux petits cétacés, tels le petit rorqual
dont les populations n'ont encore jamais étés menacées
car jugées non rentables par le passé.
-
- Le site de Greenpeace
est une référence : http://whales.greenpeace.org/
Un site français sur
la protection des cétacés : http://www.sosgrandbleu.asso.fr
-
Whale watching, réalisez un rêve
de gosse
Révélateur de l'attirance du public pour les causes
écologiques, le whale watching (observation des cétacés)
devient saisons après saisons une activité prisée
sur toutes les mers du globe. Petit guide écotouristique
à l'usage des amis des dauphins et des baleines.
-
Alors que le cachalot plonge en déployant
sa majestueuse nageoire caudale comme un éventail au-dessus
de l'eau, Sophie a du mal a retenir ses larmes : « J'ai
rêvé de cet instant depuis que je suis toute petite
» avoue-telle submergée de bonheur. La déferlante
d'émotion engendrée par la proximité physique
de nos cousins les cétacés n'est pas la moindre
des motivations des adeptes du whale watching. « Rien à
voir avec le frisson d'adrénaline qui motive les adeptes
des sports extrêmes. L'observateur de baleine est plutôt
en quête d'harmonie et de communication avec la nature
», explique Renato Rinaldi créateur de l'Association
Evasion Tropicale dont le but est l'observation, le recensement
et la protection des cétacés et des tortues marines
en Guadeloupe.
-
- Le whale watching se pratique
dans presque toutes les mers du globe. Parmi les spots les plus
réputés : L'estuaire du Saint-Laurent au Canada,
l'archipel des Açores (ancien haut lieu de la chasse à
la baleine) ou les Caraïbes, par exemple au large de la
Guadeloupe. « Entre novembre et mai, nous emmenons les
touristes deux fois par semaine à la découverte
des cétacés et profitons de cette sortie en mer
pour les sensibiliser à notre cause et tenter d'éveiller
leur conscience écologique. Ici au large de Bouillante,
les chances d'observer baleines, cachalots ou dauphins est d'environ
95 % lors d'une sortie de quelques heures.
-
- Pour Dominique Déramé,
directeur du Club de plongée « Les Heures Saines
» situé sur la réserve Cousteau, le respect
scrupuleux d'une charte éthique d'observation est la condition
préalable à la pratique de l'écotourisme
baleinier : « Quelques règles simples doivent s'appliquer
: par exemple dès que des animaux sont aperçus,
la vitesse doit être réduite à six nuds.
On ne doit pas approcher les cétacés directement
mais les contourner par l'arrière. Enfin l'observation
ne doit pas se faire à moins de 100 mètres de distance
»
-
- Évidemment quand il arrive
que les animaux eux-même choisissent de se diriger vers
le bateau par curiosité, tout est différent. Le
moteur est alors mis au point mort pour éviter tout risque
de collision avec l'hélice, et c'est le début d'un
grand moment de bonheur pour les passagers qui n'en reviennent
pas de voir ces animaux de plusieurs dizaines de tonnes évoluer
tranquillement autour du bateau et sortir leur tête de
l'eau pour observer les observateurs.
 Quelques
spots de whale watching autour du monde
-
- Dans certains pays le whale
watching est l'occasion d'abus qui se traduisent par le harcèlement
des cétacés. Avant de partir en mer, assurez vous
que l'organisateur respecte les chartes des associations internationales
de protection.
-
Guadeloupe.
Entre novembre et mai, vous pourrez observer les cétacés
entre 5 et 10 miles au large : cachalots, baleines à bosse,
globicéphales tropical, dauphins tachetés pantropical
ou orques naines. L'approche respecte une charte stricte afin
de ne pas déranger les animaux. Dans ces conditions il
vous sera possible de les observer à quelques dizaines
de mètres seulement. Les heures saines. Le Rocher de
Malendure Pigeon. 97132 Bouillante Guadeloupe Tél.
0590.98.86.63 Fax. 0590.98.77.76 - http://www.heures-saines.gp - heusaine@outremer.com
-
 République
Dominicaine. Véritable amoureuse des cétacés,
la canadienne Kim Bendall fut en 1984 l'instigatrice de la pratique
du « whale-watching en baie de Samana. Elle partage sa passion lors de sorties en mer
de quelques heures au cours desquelles vous êtes assurés
d'apercevoir des cétacés (parfois même de
très près). Des explicitations vous sont fournies
en français par un naturaliste, ainsi que de petites pilules
contre le mal de mer ! Victoria
Marine P.O. Box 53-2 Samana Dom. Rep. Tel et Fax : (809) 538-2494
kim.beddall@usa.net
-
Açores
: En 1987, le dernier cachalot est chassé à
Lajes do Pico. Deux ans plus tard Espaço Talassa naît
de la rencontre entre un ancien baleinier et un navigateur en
escale. Espaço Talassa Lda 9930 Lajes do Pico Portugal.
Tel 351.92-672.010 Fax 351.92-672.617 www.espacotalassa.com
-
Méditerranée
: Et oui, il est possible au départ de Villefranche-Sur-Mer
d'aller à la rencontre des cétacés, du 1er
juin au 30 septembre. Au programme, cachalots, dauphins et petites
baleines. Acti Loisir Port de la Darse 06230 Villefranche-sur-Mer.
Tel 04.92.47.75.00 Fax : 04.92.47.75.02 www.actiloisirs.com
-
Estuaire
du St Laurent : L'Aquaria est équipé de fenêtres
sous-marines qui donnent sur les eaux du Saint-Laurent et du
Fjord du Saguenay. Au programme : baleines, bélugas et
phoques. Aquaria 2575 rue Dalton Sainte-Foy Québec.
Tel : 418-658.2444 Fax 418-658.2444 Aquaria@quebus.qc.ca
-
Norvège
: Partez au cur des fjords glacés à la rencontre
des cétacés les plus impressionnants : les orques
appelées également baleines tueuses. . Tysfjord
Turistsenter AS N-8275 Storjod Tysfjord Norway Tel 47-75.77.53.70
Fax 47-75.77.53.75 www.tysfjord-turistsenter.no/safari
-
Alaska
: Depuis une vingtaine d'années, l'Intersea Foudation
organise en juillet et août des croisières d'étude
à but non lucratif en Alsaka. Réservé aux
accros du whale-watching. Intersea Foudation P P.O. Box 1106
Carmel Valley, CA 93924 Tél 831-659.5807 Fax 831-659.5821
www.intersea.org/exped.html
-
-
-
- © Jean François
VIBERT - Journalist and photographer - Paris -
-
- Specialised in travels, extrems
sports, leisure activities, adventure trips, outdoor sports,
deserts and mountains... Trekking, ski, snowboard, mountain,
bike, sailing, scuba diving, hiking, in line skating... Texts
and pictures for the press and the web, illustration, digital
photography, reportages...
|
- Journaliste photographe - Spécialiste
des voyages, des sports de glisse, des loisirs, de l'aventure,
de l'outdoor, des déserts, des montagnes. VTT, trekking,
ski, snowboard, parapente, voile, plongée sous marine,
randonnées, roller in line... Textes et photos pour la
presse et internet, illustrations, photographie numérique,
reportages...
|
|
|
|